Parcours violences
Identifier et écouter

Table des matières

De quoi parle-t-on ?

Pour des raisons pratiques, ce site aborde principalement les violences conjugales sous leur forme la plus fréquente : celles exercées par des hommes à l’encontre de femmes. Il est toutefois essentiel de rappeler que ces violences peuvent se manifester dans tous les types de relations et à l’encontre de toutes les personnes, quel que soit leur identité de genre et leurs orientations sexuelles.

Les violences basées sur le genre représentent un enjeu majeur de santé publique. Elles désignent l’ensemble des violences subies par une personne en raison de son sexe ou de son genre, pouvant se manifester sous différentes formes : physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, mais aussi économiques ou administratives.

Leurs répercussions sur la santé physique et mentale des patient-es sont profondes et durables. Elles impactent tous les aspects de la vie des victimes : affectif, familial, social et professionnel.

Premiers réflexes pour le-a soignant-e

Une posture d’écoute attentive, sans jugement, contribue à créer un espace où la parole peut émerger en toute sécurité.

✅ Ecoute active et bienveillante

✅ Absence du jugement, posture d’accompagnant-e

✅ Respect du rythme de la personne et de ses décisions

✅ Validation du vécu

Un questionnement respectueux, formulé avec clarté et sans pression, peut ouvrir la voie à une parole souvent difficile à initier.

✅Insérer la question dans une routine, notamment en cas de signes d’alerte. Il est recommandé de préciser au-à la patient-e que ces questions sont abordées avec tou-tes les patient-es.

Il est recommandé au-à la praticien-ne d’expliquer au-à la patient-e pourquoi il-elle pose des questions sur les violences.

  • La violence est très courante au sein des familles. Je questionne régulièrement mes patient-es à ce sujet car les violences ont un impact négatif sur la santé et sont interdites par la loi. Personne ne devrait avoir à vivre dans la peur de son-a partenaire.
  • Comment vous sentez-vous à la maison ? 
  • Avez-vous déjà été victime de violences (physiques, verbales, psychiques, sexuelles) au cours de votre vie ?
  • Vous est-il déjà arrivé d’avoir peur de votre partenaire ?

Il est recommandé de prendre en considération les enfants du cercle familial. Les réponses à ces questions ont une influence importante sur les révélations.

  • Avez-vous peur pour vos enfants ?

✅Ne pas promettre le silence mais informer

  • Tout ce que vous me direz reste entre nous, sauf si votre sécurité ou celle d’un enfant est en jeu.

✅Validation du vécu

  • Je vous remercie pour votre confiance. La loi interdit les violences. Seul l’agresseur est responsable. On va vous aider.

⚠️ Eviter les jugements ou les obligations 

  • Pourquoi êtes-vous resté-e ? 
  • Vous devez porter plainte maintenant !

La violence est un sujet sensible. L’environnement physique et relationnel doit permettre un échange sans crainte.

✅ Espace confidentiel, propice à une relation de confiance

✅ Pièce calme, neutre, sécurisante

✅ Affichage discret de ressources (numéros utiles tel que le 3919 et le 119, ressources mises à disposition par la CPTS) 

✅ Mise à disposition de documentation dans les salles d’attente (brochures, flyers)

✅ Equipe formée à l’accueil des personnes victimes de violence

✅ Disponibilité. Prévoir un second rendez-vous si nécessaire

L’accompagnement des personnes victimes de violences peut être émotionnellement éprouvant, complexe, et il n’est pas attendu que le-a professionnel-la gère seul.

✅ Maintenir une juste distance : éviter de s’exposer émotionnellement lorsque l’auteur-rice ou la victime fait partie de son entourage ou réseau.

✅ Organiser les suivis : si possible, répartir les membres d’une même famille entre plusieurs professionnel-les de la structure pour limiter la surcharge émotionnelle.

✅ Prévenir l’usure professionnelle :

  • Se protéger de la fatigue compassionnelle et du traumatisme vicariant.
  • Pratiquer la supervision ou l’intervision entre pairs.
  • Veiller à son hygiène de vie, à la qualité de sa présence mentale, à son repos et à l’écoute de son propre corps.

 

La CPTS de Pantin permet aux professionnel-les de Pantin d’échanger via son canal de communication sur les difficultés rencontrées par les professionnel-les en termes de prise en soins de personnes victimes de violence.

De nombreuses ressources existent sur le territoire pour accompagner les personnes confrontées à des situations de violence. Elles sont adaptées aux différents besoins : écoute, hébergement, accompagnement juridique, soins, soutien psychologique…

La question des violences peut soulever des enjeux juridiques et éthiques : levée du secret professionnel, signalement, consentement, respect de l’autonomie…

Evaluation de la gravité des violences

L’évaluation de la gravité du danger est une étape essentielle dans la prise en charge des situations de violences conjugales. Elle repose sur plusieurs critères : d’abord, la gravité des actes de violence, en tenant compte de leur fréquence, de leur intensité, du contexte (grossesse, présence d’enfants, projet de séparation), et de leurs conséquences sur la santé (hématomes, fractures, risque suicidaire). Ensuite, la dangerosité de l’agresseur doit être appréciée à travers des éléments comme les menaces de mort, les tentatives de passage à l’acte ou la présence d’armes au domicile. Le retentissement sur les enfants du foyer constitue également un signal d’alerte majeur. Enfin, il convient d’évaluer la vulnérabilité de la victime, notamment en cas de grossesse, d’isolement social, de handicap ou d’épisode dépressif caractérisé. Ces éléments doivent guider la mise en sécurité et l’orientation vers les dispositifs d’aide adaptés.

Les différentes formes de violences

Les violences physiques sont une forme de violence qui implique l’usage de la force corporelle dans le but de blesser, de contraindre, d’intimider ou de dominer une autre personne.

Elle peut se manifester par différents actes, tels que :

  • les coups (gifles, coups de poing, de pied, etc.),

  • les bousculades,

  • les étranglements,

  • les brûlures,

  • les blessures infligées avec un objet ou une arme,

  • l’empêchement de se nourrir, de dormir ou de se soigner,

  • toute autre action physique qui cause douleur ou dommage.

Les violences sexistes sont des comportements, paroles ou actes fondés sur le sexe ou le genre d’une personne, et qui visent à la dévaloriser, la dominer ou la discriminer.

Elles peuvent se manifester de différentes manières :

  • les remarques ou blagues sexistes dégradantes,

  • les stéréotypes imposés selon le genre,

  • la discrimination au travail,

  • les injonctions sur l’apparence ou le comportement,

  • les violences liées au refus d’un rôle genré,

  • le harcèlement ou les agressions en lien avec l’identité de genre ou l’orientation sexuelle.

Les violences sexuelles sont des actes à caractère sexuel imposés à une personne sans son consentement. Elles constituent une atteinte grave à l’intégrité physique et psychologique de la victime.

Elles peuvent prendre différentes formes, telles que :

  • le viol (rapport sexuel imposé avec pénétration),

  • les agressions sexuelles (attouchements, caresses ou autres gestes à caractère sexuel sans pénétration),

  • le harcèlement sexuel (propos, gestes ou comportements à connotation sexuelle répétés, qui portent atteinte à la dignité ou créent un climat hostile),

  • l’exhibition sexuelle (montrer ses parties intimes de manière imposée à autrui),

  • le voyeurisme ou la diffusion non consentie d’images à caractère sexuel,

  • les violences sexuelles sur mineur-res, qui sont interdites.

Ces violences peuvent survenir dans tous les milieux (familial, scolaire, professionnel, conjugal, etc.) et sont sévèrement punies par la loi. Elles ont souvent des conséquences psychologiques lourdes et durables pour les victimes.

Les violences verbales sont des paroles utilisées pour blesser, humilier, intimider ou rabaisser une personne. 

Elles peuvent prendre différentes formes, telles que :

  • les insultes,

  • les cris et hurlements,

  • les moqueries ou humiliations répétées,

  • les remarques dévalorisantes ou sarcastiques,

  • les menaces (de punition, de séparation, de mort, etc.),

  • les ordres autoritaires ou le ton méprisant,

  • les propos sexistes, racistes, homophobes, ou discriminatoires,

  • la mise en doute systématique de ce que dit ou ressent la personne.

Les violences psychologiques sont des comportements ou des paroles qui visent à contrôler, humilier, rabaisser, isoler ou faire peur à une personne, sans recours à la force physique. Elles portent atteinte à l’estime de soi, au bien-être mental et émotionnel de la victime.

Elles peuvent se manifester de différentes façons, par exemple :

  • les insultes, moqueries, critiques constantes,

  • les menaces (de punir, de blesser, d’abandonner, etc.),

  • la culpabilisation excessive ou injustifiée,

  • l’isolement social (empêcher la personne de voir ses proches ou de sortir),

  • le chantage affectif,

  • la surveillance excessive, le contrôle des faits et gestes,

  • la dévalorisation ou le mépris répétés.

Les violences économiques et administratives sont des formes de violence qui visent à priver une personne de son autonomie financière ou de ses droits sociaux et légaux, afin de la contrôler ou de la rendre dépendante.

Les violences économiques se traduisent par :

  • empêcher une personne de travailler ou de poursuivre ses études,

  • contrôler ses revenus ou ses dépenses (confiscation de carte bancaire, interdiction de gérer son argent),

  • lui refuser l’accès à des ressources communes (ex : compte joint),

  • la forcer à demander de l’argent pour chaque dépense,

  • contracter des dettes en son nom sans son accord.

Les violences administratives incluent :

  • confisquer ou cacher des documents importants (carte d’identité, titre de séjour, passeport, livret de famille…),

  • refuser de transmettre des informations nécessaires à des démarches (CAF, impôts, préfecture…),

  • empêcher la personne de faire valoir ses droits (aide sociale, logement, santé, autorité parentale, etc.),

  • l’isoler en l’empêchant de comprendre ou de gérer les démarches administratives, parfois en profitant d’une barrière de langue.

Ces violences sont souvent exercées au sein du couple ou de la famille, et participent à l’emprise et à la dépendance de la victime. Elles peuvent aussi concerner les personnes étrangères, en situation de handicap, ou socialement vulnérables.

Identification des violences

 

 

Le mécanisme des violences

 

Le cycle de la violence est un modèle qui aide à comprendre les mécanismes qui rendent certaines violences difficiles à identifier. L’alternance entre violence et répit peut retarder la prise de conscience de la situation et rendre la séparation plus complexe. Ce modèle montre comment la violence (souvent conjugale) s’installe et se répète dans le temps, en suivant quatre phases :

 

  1. Tension

  2. Agression

  3. Justification / déni

  4. Réconciliation (“lune de miel”)

Identifier et écouter - Cycle de la violence

Aucune symptomatologie n’est propre aux violences conjugales, ce qui rend leur repérage particulièrement complexe. Il est donc recommandé de penser systématiquement à un risque de violences face à certains signes d’alerte.

Il est essentiel de rappeler que toutes les personnes peuvent être concernées par les violences conjugales, quel que soit leur genre, leur âge, leur orientation sexuelle, leur situation sociale ou leur niveau d’éducation. Ces violences ne sont pas limitées à un profil particulier ou à un milieu spécifique, ce qui impose aux professionnel-les de santé une vigilance universelle et sans a priori.

« Il est recommandé de penser systématiquement à un risque de violences au sein du couple face à des signes d’alerte, même isolés, car leur accumulation renforce la suspicion » (HAS, 2022).

Temporalité des violences

Dans le cadre du repérage et de la prise en charge des violences conjugales, il est important de distinguer les violences passées des violences actuelles. Cette distinction permet d’évaluer le niveau de danger immédiat pour la victime et les éventuelles mesures de protection à mettre en place. Les violences passées, bien qu’elles n’aient plus lieu au moment de la consultation, peuvent avoir laissé des séquelles physiques ou psychiques durables et nécessitent une prise en charge spécifique. En revanche, la présence de violences actuelles implique une situation de danger en cours, avec un risque potentiellement vital, notamment en cas d’escalade ou de menace grave. Repérer si les faits sont toujours d’actualité permet donc d’adapter l’intervention, qu’il s’agisse d’une mise à l’abri urgente, d’un signalement, ou d’un accompagnement médico-psychosocial sur le long terme.

Outils d'identification des violences

Distinguer la violence du conflit conjugal